LES RÉSEAUX SOCIAUX AU SERVICE DE LA DÉSINFORMATION ÉCOLOGIQUE
Nous sommes 7 milliards à vivre sur Terre. Le réchauffement climatique nous concerne tous. C’est un phénomène observé depuis plusieurs décennies mais nous en savons à la fois énormément et très peu sur ce sujet car la véracité des faits s’avèrent très souvent erronée. On nous ment!
Certes le phénomène est à surveiller de très près et à ne pas sous-estimer mais il ne faut pas non plus s’alarmer et inquiéter les populations, sans faits concrets. Le réchauffement climatique est un des thèmes les plus sujets aux hoax. Il est donc temps de rétablir la vérité pour que la nouvelle génération dont je fais partie, puisse gérer au mieux ce point écologique et agir en conséquence.


Il y a peu, un nouveau phénomène s’est emparé des réseaux sociaux: le “10 years challenge”. Il consiste à poster une photo récente de soi à côté d’une autre photo datant d’il y a 10 ans. Greenpeace ou WWF se sont aussi prêtées au jeu en postant des photos qui mettent en évidence les effets néfastes du réchauffement climatique sur notre planète. Et la comparaison d’images de la faune et de la flore est impressionnante: banquise disparue ou encore ours affamé.
Si les internautes s’amusent de ce challenge, des associations en ont donc profité pour détourner cette tendance et diffuser des images trompeuses.
"Ce #TenYearChallenge est pour nous un moyen d’interpeller davantage les gens et de les informer sur les questions environnementales, dans l’espoir de les pousser à faire des actions pour la protection de la planète"
Arin de Hoog, chargé de communication à Greenpeace international
DEUX GLACIERS À L'OPPOSÉ
Sur twitter, une publication populaire illustre la fonte des glaces. Le phénomène est assurément réel, il est même 6 fois plus rapide qu’il y a 40 ans selon la NAS. Toutefois l’évolution suggérée par ce montage photo est erronée d’après le service de fact-checking de l'AFP, agence de presse. C’est l’un des #10yearchallenge les plus populaires et aussi un photomontage de Greenpeace Belgique pris par exemple par Guillaume Canet.En effet la photo de gauche date de 2016 et non de 2008, et elle montre la barrière de glace de Getz dans l’océan Antarctique. Celle de droite date bien de la bonne époque mais il s’agit d’un cliché pris en Arctique soit à l’autre extrémité du globe.


DU BLEU À L’ORANGÉ
Autre cas: un collage qui laisserait penser qu’une rivière serait passée du bleu à l’orange en 10 ans. Cependant le compte Twitter @hoaxeye, spécialisé dans la vérification des fausses images, explique qu’il ne s’agit pas d’une évolution dans le temps car la photo de la rivière orangée illustre la catastrophe industrielle du déversement d’eaux usées de la mine Gold King en 2015 au Colorado. La teinte de l’eau provient d’un déversement accidentel de déchets toxiques dans un affluent de la rivière Animas. Aujourd’hui la couleur de la rivière est revenue à la normale.
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CET OURS EST-IL RÉELLEMENT VICTIME DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE ?

La photo d'un ours polaire épuisé, décharné et affamé, peinant à marcher sur ses terres, sans couche de glace, ont rapidement été reprises et relayées pour illustrer l'impact du changement climatique sur la faune sauvage. Sans doute à tort. La photo terrible de cet ours polaire amaigri semble être utilisée à des fins de propagande écologiste et climatique. Il est indéniable que le réchauffement climatique existe et la banquise se réduit de plus en plus, on ne peut pas nier que c’est un réel problème préoccupant. Fin août, la photographe Kerstin Langenberger a partagé la photo d'un spécimen famélique, accompagné d'un texte accusateur. "Svalbard (Norvège) est un endroit incontournable pour observer des ours polaires. J'ai vu des ours en bonne santé, mais j'ai aussi aperçu des ours morts ou en train de mourir, qui marchent sur les glaciers, à la recherche de nourriture.”. Qu’est-il donc arrivé à cet ours blanc pour qu’il soit dans un tel état de déchéance ? Est-il réellement victime du réchauffement? Est-il vieux ? Malade ? Est-il blessé et incapable de chasser ? Il semblerait que la dernière option soit la bonne. En effet, on peut clairement distinguer un problème sur la patte arrière de l’animal. La photographe le reconnaît et détaille même l’ampleur de cette blessure. Cet ours polaire blessé, incapable de chasser, est tout simplement condamné à mourir de faim. À l’inverse, l’ours photographié un peu plus loin par une autre équipe de recensement se porte à merveille. Il n’est pas gros, mais bien gras. Il n’y a rien de surprenant à cela puisque, cette année, la banquise arctique a bien moins fondu pendant l’été que les années précédentes et la glace jeune est restée importante en quantité. S’il est normal que la photo de l’ours amaigri suscite notre compassion, il est totalement absurde de justifier son état en invoquant encore et toujours le réchauffement climatique. Cette image induit en erreur, le non-scientifique, et même scientifique peu averti de cette problématique, et tente de profiter de son choc émotionnel pour inculquer un message. Il faut donc rester lucide , «nous sommes incapables de dire à partir de ces images si la malnutrition de cet ours a été provoquée par le réchauffement climatique et la fonte de la banquise associée», reconnaît Steven Amstrup, responsable scientifique de l'association Polar Bear International. Sans autopsie, impossible dans ces conditions d'écarter l'hypothèse d'une maladie grave, par exemple. Ou d'estimer l'âge de l'animal, tout simplement. Les photographes jouent habilement sur les mots en expliquant avoir voulu montrer ce à quoi ressemblait un ours en train de mourir de faim, car c'est le destin qui attend ces animaux si le réchauffement en cours continue de s'accentuer. Ce qui est aussi gênant, c'est que ces images ont été prises en plein été, une époque où la région est naturellement dénuée de glace, pour être diffusées à la fin de l'automne. Et que cette information a été soigneusement éludée au moment de leur publication, comme le souligne le National Post canadien dans une excellente analyse. Pour frapper un peu plus les esprits? Probablement. Autre souci, le cliché a été pris dans l'une des régions où les populations d'ours polaire sont stables, note le journal. Une information encore une fois passée sous silence. Quant à la population des ours polaires, censés être menacés par le réchauffement climatique, dixit WWF, et la fonte de la banquise arctique ne sont plus classés dans la catégorie en voie de disparition. Selon les recensements récents, on estime qu’il y aurait entre 30 000 à 35 000 individus en Arctique, Les chiffres de 20 000 à 25 000 individus ont été maintenus artificiellement bas.

Les "fake news" se propagent à la vitesse d'une traînée de poudre sur internet. D’après Sciences et Avenir, une équipe de chercheurs du MIT a cherché s’il était possible de quantifier cette vitesse de propagation. Pendant 10 ans, ils ont passé au crible pas moins de 126.000 rumeurs dont ils ont scruté leur diffusion par plus de 3 millions de personnes sur le réseau social Twitter. Il en est ressorti qu’une information fausse a 70% de plus de chances d'être propagée qu'une vraie. "La vérité met environ 6 fois plus de temps à toucher un total de 1500 personnes" d’après les auteurs de l’étude. Mais ces fausses informations ont des effets directs potentiellement très graves sur la société. "Elles peuvent conduire à une mauvaise allocation des ressources durant une attaque terroriste ou une catastrophe naturelle, conduire à de mauvais investissement financiers, ou encore biaiser des élections ou des débats de société." Au vu de la viralité des informations erronées sur les réseaux sociaux, l’opinion publique est donc facilement influençable. Certes les réseaux sociaux ont vocation à réunir les gens et à faciliter les échanges mais beaucoup d’utilisateurs en sont dépendants et sans savoir, ni esprit critique, deviennent victimes de leur naïveté.
Voici une courbe illustrant l'intérêt pour la recherche Twitter, issue de Google Trends. C'est une recherche très répandue. Cela montre qu'un grand nombre de personnes est susceptible de faire face à une fake new et de la partager.



